Images

http://www.ladepeche.fr/article/2015/11/01/2208206-bruno-gonzalez-un-coeur-gros-comme-ca.html#form_send_to_friend

 

 

Bruno Gonzalez, un cœur gros comme ça

Article exclusif

,

 

Bruno Gonzalez veut rompre l'isolement des personnes obèses. / DDM Michel Viala
Bruno Gonzalez veut rompre l'isolement des personnes obèses. / DDM Michel Viala

Hospitalisé en urgence en 2012 alors qu'il pesait 320kg, Bruno Gonzalez a fait de l'aide aux personnes en surpoids et en obésité un combat quotidien. Il est entre autres à l'origine de l'association toulousaine Mieux-Etre qu'il voudrait voir évoluer en maison régionale de l'obésité.

Pour lui, chaque heure qui passe est un combat. Depuis ce jour de septembre 2012 où les pompiers ont dû détruire une partie de la façade de son immeuble pour l'évacuer en urgence de son appartement du deuxième étage, à Cazères, Bruno Gonzalez, 51 ans, se sent «en sursis». «J'étais à quelques heures de la mort, je ne m'en rendais même pas compte», se souvient-il. A l'époque, il pesait 320 kg, souffrait de phlébite, d'arythmie cardiaque et d'un œdème pulmonaire.

Après deux semaines d'hospitalisation à Larrey et deux ans de prise en charge à la clinique du château de Vernhes, à Bondigoux, spécialisée dans le traitement de l'obésité, Bruno Gonzalez a perdu 200kg. Largement médiatisés, son sauvetage et son histoire ont fait de lui un modèle, un exemple pour de nombreuses personnes en situation d'obésité morbide qui voient dans son parcours un chemin à suivre. «Lorsque je suis arrivé à Bondigoux, mon indice de masse corporelle était à trois chiffres et battait tous les records. L'établissement a dû acheter un lit spécial. Au début, pour me laver, il fallait une douzaine de personnes pendant deux heures. Le poids me comprimait tellement les poumons que je ne pouvais pas rester plus de deux secondes sur le côté. Les sept premiers mois, je n'ai pas quitté mon lit et petit à petit, j'ai réappris à marcher», raconte Bruno Gonzalez.

Deux ans sans sortir

Depuis sa sortie, sur les plateaux télé et face aux journalistes, l'ancien chef d'entreprise qui vit aujourd'hui de sa seule allocation pour adultes handicapés joue le jeu. Il se livre sans fausse pudeur, pourvu que l'on parle de la question de fond. «Le surpoids et l'obésité touchent un français sur deux mais on ne le dit pas assez et la prise en charge des malades reste insuffisante. Les généralistes ne sont pas formés pour les recevoir, ils ont tendance à les laisser dans leur coin. C'est ce qui m'est arrivé, je suis resté deux ans sans sortir de chez moi avant d'être évacué. D'une façon générale, peu de soignants se sentent concernés par l'obésité. L'accompagnement est pourtant indispensable. Si j'ai réussi à maigrir, c'est parce qu'un psy m'a fait prendre conscience de mon obésité. C'est peut-être difficile à croire mais je me le cachais à moi-même. J'avais perdu ma propre image».

Depuis sa sortie de la clinique Bondigoux, il y a un an, Bruno Gonzalez lutte, pour lui et pour les autres. Les maladies associées à son obésité se sont résorbées mais il a repris une cinquantaine de kilos. La marche est redevenue difficile. Il passe beaucoup de temps dans l'appartement qu'il occupe avec son fils de 22 ans à Saint-Martin-du-Touch, devant son écran d'ordinateur. Pour ses amis des réseaux sociaux, il poste des messages, relaie des informations, alimente son site de recettes de cuisine, «équilibrées» bien sûr. Mais surtout, il travaille au projet de l'association Mieux-Etre qu'il a mis en place avec Yves Duprat, un ancien patient comme lui de Bondigoux.

Rompre l'isolement

Installée place de la Daurade, la jeune structure démarre ce mois-ci des ateliers à destination des personnes en surpoids ou en obésité. Cours de diététique, de nutrition, de théâtre ou de cuisine, groupes de parole, rencontres avec une assistance sociale ou un avocat... L'association veut avant tout rompre l'isolement. «On m'a donné une seconde vie, je veux aider à mon tour ceux et celles qui sont dans ma situation. Dans neuf cas sur dix, la première cause de l'obésité est le mal-être. On a tous nos casseroles, certains se réfugient dans l'alcool ou la nourriture. Moi c'était les sodas. Je sais que nous allons avoir du mal mais il faut prendre ces personnes par la main, les pousser à sortir de chez elles». Face à son écran, Bruno Gonzalez, regarde déjà plus loin. Dans une région qui regroupe sept centres de traitement de l'obésité sévère sur 37 en France, il voudrait ouvrir une maison de l'obésité. Un lieu où trouver conseils et soutien. Un refuge.

Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire

 

Date de dernière mise à jour : 05/07/2021