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Bruno, Toulouse (Haute-Garonne)

Arrivé à 320 kg, son obésité mettait sa vie en péril, alors il a décidé d’agir. Son incroyable perte de poids n’est que le début d’une lutte qu’il entend placer au service de tous ceux qui, comme lui, ont perdu la maîtrise de leur corps.

« J’étais chef d’entreprise. J’avais une petite société d’agencement de magasins, une femme, un fils… tout allait bien. Et puis, un jour, ça a été la chute, la dégringolade complète. Je me suis séparé de ma femme, et mon entreprise a connu des difficultés. J’ai finalement été obligé de déposer le bilan. Je suis tombé en dépression et me suis retranché chez moi. Je ne sortais plus, n’avais presque plus d’activité physique et me nourrissais très mal. Des plats préparés, trop gras ou trop sucrés. Je ne me mangeais pas forcément beaucoup, mais ce n’était pas diététique. C’est ainsi que j’ai commencé à grossir. De mois en mois, je prenais des kilos et perdais mes muscles… jusqu’à arriver à ce poids colossal de 320 kg !

Evacué

Évidemment, c’est devenu un handicap. J’ai dû m’équiper d’un lit médicalisé parce que je ne parvenais plus à me lever ni d’ailleurs à faire quoi que ce soit tout seul. Je sollicitais toujours l’aide de mon fils de 18 ans. Pour un verre d’eau, pour qu’il me chauffe mon repas. J’ai vécu comme ça pendant près de trois ans. J’avais pourtant un médecin, mais je pense que, comme moi, il était dépassé par les événements. J’étais en situation d’obésité morbide. J’avais du mal à respirer et je ne dormais plus.

Et puis j’ai fait un œdème pulmonaire. J’ai alors pris conscience qu’il fallait que tout cela cesse, que j’allais mourir à 48 ans et que je ne pouvais pas entraîner davantage mon gamin dans ce drame : c’était le monde à l’envers, c’était à moi de l’aider, lui qui était à l’âge où l’on se construit un avenir. Un jour, j’ai dit stop. J’ai lancé un SOS. J’ai demandé à être hospitalisé, à être enfin vraiment soigné. Avec cet œdème, c’était désormais une question de vie ou de mort. Il a donc fallu m’évacuer de mon appartement pour me conduire à l’hôpital. Les pompiers et un Samu spécial pour personnes fortes sont arrivés chez moi. C’était le 25 septembre 2012.

Je n’étais plus en état de marcher. Il fallait donc qu’ils me portent. Mais j’étais devenu si gros que je ne pouvais plus passer la porte. Les pompiers ont été obligés de faire appel à des maçons pour qu’ils percent un trou dans la façade de mon appartement qui était situé au 1er étage d’un petit immeuble. Pour m’évacuer, ils ont même dû utiliser une nacelle ! Une fois à l’hôpital, on a soigné mes problèmes respiratoires. C’est dans cet établissement que j’ai appris l’existence de la clinique du château de Vernhes, à Bondigoux (Haute-Garonne). Ils sont spécialisés dans l’amincissement. L’un des responsables est venu me voir et m’a dit qu’il m’acceptait dès ma sortie de l’hôpital.

J’y suis rentré le 8 octobre 2012. Ce fut pour moi une renaissance. J’y ai trouvé des gens compétents, connaissant parfaitement les problèmes des obèses. J’ai vu que je n’étais pas le seul dans cette situation, même si, avec mes 320 kg, je battais des records.

Écoute

Il n’y avait plus, là-bas, le regard des autres à affronter, qui rajoute à vos difficultés. Dans cet endroit, ils m’ont pris tel que j’étais, sans me juger. L’équipe est vraiment formidable, à votre écoute. J’ai découvert des aspects de ma personnalité que j’ignorais. J’ai aussi compris que j’avais eu, enfant, une mauvaise éducation alimentaire. Le plus incroyable, c’est que l’on a le droit de tout manger. On fait d’ailleurs cinq à six repas et collations par jour. Rien n’est interdit. Seulement, il faut que ce soit équilibré. En trois mois, j’ai perdu 90 kg ! Je me suis très vite senti mieux. Mes douleurs avaient disparu, et j’ai commencé à reprendre confiance.

J’ai perdu 165 kg depuis mon arrivée à la clinique. Je commence à remarcher un peu, à me refaire des muscles. Mon objectif est d’arriver à 90 kg pour pouvoir enfin reprendre une vie normale. Il faudra aussi que je me fasse opérer pour que l’on me retire toute cette peau, surtout du ventre, que j’ai maintenant en trop. Si je témoigne maintenant, c’est pour montrer à ceux qui vivent plus ou moins la même chose qu’il est possible de s’en sortir. Il faut trouver les bonnes personnes, des professionnels de santé qui connaissent ces questions d’obésité.

Je veux dire à tout le monde que ce n’est jamais pour rien si l’on devient gros. Il y a toujours une souffrance derrière, un mal qui remonte généralement à l’enfance. Quand je sortirai de la clinique, je monterai une association pour, justement, venir en aide à ceux qui sont aujourd’hui comme j’étais hier. »

Propos recueilli par Guillaume Dabzac

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Date de dernière mise à jour : 05/07/2021